lundi 4 janvier 2016

Essai - Moto Station comparatif Super Ténéré XT1200ZE


Première étape: la pesée


http://www.moto-station.com/article104552.html

Poids constaté. 233kg - annoncé par Honda: 232 kg pas mal

Répartition du poids: 116kg avant - 117kg arrière





Essai de la nouvelle Honda Africa Twin CRF 1000 L : le verdict de la pesée !
Posté par Moto-Station.com sur lundi 4 janvier 2016


Deuxième étape: la puissance


http://www.moto-station.com/article104588-honda-africa-twin-2016-le-passage-au-banc-de-puissance.html


Le tout nouveau bicylindre parallèle de 998 cm3 de la Honda Africa Twin, ne dépasse pas 100 chevaux sur le papier. Les ingénieurs Honda l'ont voulu ainsi, ils ont misé sur l'agrément, la réactivité du moteur et la concordance technique avec la transmission à double embrayage DCT optionnelle. Nous avons pu passer au banc de puissance une version standard, à boîte de vitesses classique.

Signalons que notre moto d'emprunt affichait moins de 300 kilomètres au compteur. Néanmoins, la Honda Africa Twin 2016 a tout de même atteint 103,3 chevaux à 7 809 tr/min et 10,8 mkg de couple à 5 858 tr/min (valeurs relevées au vilebrequin). A comparer aux données constructeur : 95 chevaux à 7 500 tr/min et 98 Nm à 6 000 tr/min. Les mesures relevées au banc de puissance sont donc assez fidèles aux données officielles. Par ailleurs, l'allure des courbes correspond également de près à celles évoquées par Honda. Nous retenons la grande linéarité des courbes (puissance et couple), signe d'un remplissage optimisé, sans creux ou trous à l'accélération.

Les reprises sont d'ailleurs très convaincantes et le bloc Honda se distingue par sa grande réactivité à l'ouverture des gaz : Il est vif et reprend partout sans être mièvre. Peu avant 4 500 tr/min, un léger - très léger - creux se remarque sur la courbe. Il correspond pile à la plage de régime d'homologation et Honda a du le prendre en compte lors du développement du moteur car ce léger plat est aussi discret sur les courbes que guidon en mains. Signalons enfin que l'allonge de ce moteur s'avère quelque peu atténuée à haut régime (après 7 500 tr/min). Compte tenu de l'allure générale des courbes et de la santé de ce moteur à mi régimes, Honda pourrait sans doute garnir davantage ce bloc au niveau de l'allonge. Ce sera sans doute le cas pour un futur modèle qui héritera de ce moteur. Une moto plus sportive ? ou une super Deauville 1000 cm3 ? pourquoi pas...


Troisième étape: le son


http://www.moto-station.com/article104640-africa-twin-vs-super-tenere-duel-de-d-cibels.html

Quatrième étape: le compte-rendu


http://www.moto-station.com/article17416-comparatif-africa-twin-vs-super-tenere-duel-de-legendes.html

Si Yamaha a attendu 2010 pour ressusciter sa mythique Super Ténéré, Honda aura pris son temps pour remettre au goût du jour sa non moins légendaire Africa Twin. Mais c'est fait pour 2016, et bien fait avec l'arrivée d'une toute nouvelle moto qui, pour l'occasion, inaugure une plateforme technique elle-même inédite. Le retour de cette Africa Twin est pour le moins attendu dans le réseau, des fans du premier modèle et plus généralement des amateurs de gros trails typés, tendance lourde du marché. A n'en pas douter, la Honda est LA nouveauté 2016.

Et comme nous avons pu le constater lors de son premier essai vidéo, Honda ne s'est pas raté. Très homogène pour un usage routier et tout terrain, offrant des performances et un agrément de premier plan, voire un caractère vivant auquel le constructeur nous avait peu habitués, l'Africa Twin amène réellement une touche très personnelle dans ce segment déjà fort occupé, à commencer par sa concurrente la plus "naturelle", la Yamaha XT 1200 ZE Super Ténéré, aujourd'hui arrivée à pleine maturité.



Fidèles à leurs origines ?

Premier constat : ces motos restent fidèles à leurs racines, à commencer par les codes stylistiques de leurs aînées. Ici pas de bec de canard ou de jantes à bâtons typiques de gros trails routiers actuels, autant la Yamaha XT 1200 ZE Super Ténéré que la Honda CRF 1000 L Africa Twin jouent leur propre partition. Et c'est un vrai argument à l'heure où certaines concurrentes ne conservent du trail "traditionnel" que l'ergonomie. Pour autant, l'examen statique de nos deux stars du jour dévoile des différences de philosophie marquées.

La Yamaha XT 1200 ZE Super Ténéré a choisi une orientation plus routière, avec des jantes à rayons en 19 et 17 pouces (tubeless, à l'inverse de la Honda toujours pourvue de chambres à air), une hauteur générale (et de selle) modérée, une transmission par arbre et cardan, et globalement un équipement pléthorique (suspensions électronique, régulateur de vitesse !) qui on s'en doute, se paye sur la balance...

Pour sa part, la Honda cultive une certaine simplicité, plus fidèle à l'esprit de ses devancières en quelque sorte : une transmission secondaire par chaîne, pas d'électronique superflue (pas de choix de cartographie moteur, par exemple), pas de bulle réglable et des jantes en 18 et 21 pouces comme sur une authentique moto d'enduro. Clairement, l'Africa Twin affiche une vocation sportive, notamment en tout terrain, par sa technologie, son gabarit et son poids.



35 kilos de moins pour l'Africa Twin

Sur la balance moto-station, le verdict est sans appel : 268 kg pour la Yamaha Super Ténéré, 233 kg pour la Honda Africa Twin (poids tous pleins faits). Soit 35 kilos d'écart qui illustrent bien la philosophie de chacune. D'emblée, la cylindrée supérieure de la Yamaha et son architecture (cardan, gabarit général, réservoir plus volumineux) se ressentent lors des manoeuvres sans l'aide du moteur et donc réclament davantage d'efforts de son pilote. Mais la Super Ténéré, c'est aussi une hauteur de selle (réglable de 845 à 870 mm) bien plus accessible aux petits gabarits que l'Africa Twin qui culmine, au choix de 850 à 870 mm.

En fait, malgré le peu d'écart sur la fiche technique, la Honda apparaît bien plus haute, bien plus "trail". Signalons également que positionner la selle de la Honda sur le réglage de hauteur inférieur s'avère délicat. Côté ergonomie, les deux concurrentes se tiennent dans un mouchoir : La Honda présente un guidon plus large mais qui passe au dessus des rétroviseurs des voitures, la Yamaha positionne ses repose-pieds davantage en arrière, et son réservoir de 23 litres (contre 18,8 litres pour la Honda) écarte davantage les cuisses... C'est flagrant, l'écart de cylindrée se ressent immédiatement en passant d'une moto à l'autre.



Pas du tout le même son !

Si les deux moteurs partagent la même architecture - bicylindre parallèle, manetons de vilebrequin calés à 270° pour rappeler les pulsations typiques des V Twin -, leurs sonorités diffèrent du tout au tout : métallique, presque sportive sur la Honda alors que la Yamaha gronde plus gentiment. Une fois assimilés la hauteur de ces motos, leur ergonomie générale assez similaire, le gabarit plus imposant de la Yamaha surtout, la découverte dynamique commence.

La Honda se distingue immédiatement par un équilibre rassurant et son naturel à faible allure. On ressent tout de suite sa légèreté, sa maniabilité rassure, et malgré sa selle plus haute, faire demi-tour s'envisage plus sereinement à bord de l'Africa Twin. En comparaison, la plus lourde Super Ténéré dévoile bien plus d'inertie moteur, et les à-coups sensibles de son cardan. Si on se familiarise rapidement avec la Honda, il faut plus de temps pour prendre en mains la Super Ténéré, qui se montre moins apte à l'improvisation. Au moins, celle-ci souffre moins des fameux transferts de masse propres aux trails, sur l'avant ou l'arrière en fonction des freinages ou accélérations.

Perchée sur ses suspensions à plus grand débattement (230 mm AV / 220 mm AR contre 190 mm AV/AR sur la Yamaha), la Honda plonge davantage au freinage, surtout en début de course à cause de sa fourche plus souple. Pour ceux qui ne sont pas habitués aux "vrais trails", cela peut s'avérer déroutant.



La Yamaha surenchérit sur l'équipement...

Avec de telles montures, arpenter les autoroutes et voir défiler les kilomètres n'est pas un problème. A bord de la Yamaha, c'est même un programme tout confort qui s'offre à vous : bulle réglable, protection plus généreuse au niveau des cuisses grâce au volumineux carénage, poignées chauffantes et régulateur de vitesse... c'est digne d'une GT ou presque ! Accessoirement, le passager sera également très bien loti (repose-pieds garnis de caoutchouc, assise moins haute mais logeable) et la Super T enfonce le clou grâce au coffre supérieur de son gros twin, procurant comme une force tranquille aux environs des 130 km/h (et plus).

En face, la Honda, loin, mais alors très loin d'être un banc de pierre, propose un peu moins de confort : selle, protection de la bulle, et nettement moins de gadgets à manipuler. La différence d'agrément se jugera surtout sur longs trajets, mais il faut reconnaître qu'au fil des kilomètres sur autoroute ou grande nationale, la Yamaha fait étalage de son potentiel de grande rouleuse. Elle apparaît infatigable, tout simplement.



... mais peine dans le sinueux

En arrivant sur les petites routes, le caractère sportif de la Honda saute aux yeux, à commencer par sa légèreté ! Posées sur ses grandes roues chaussées de pneus étroits, jouant de la très faible inertie de son moteur face à celui de la Yamaha; l'Africa Twin bondit de virages en virages et permet d'improviser à chaque instant. Une fois encore, elle donne l'impression de chevaucher une moto de plus faible cylindrée (clin d'oeil à la BMW F800GS Adventure naturellement).
Corriger une entrée de virage ratée ou replacer la moto dans un pif paf se fait naturellement et avec beaucoup d'efficacité. Reste à s'accommoder des grands débattements de suspensions, qui font plonger la Honda, mais c'est gérable. En cela, la CRF 1000 L rappelle également beaucoup la KTM 990 Adventure pour son caractère sportif routier sur grandes échasses. Derrière, la Yamaha Super Ténéré tente de suivre le rythme élevé imposé par la Honda malgré l'inertie importante de son moteur, quelques à-coups de transmission, les mouvements de son cardan (la XT 1200 Z se soulève lors des accélérations en courbe). En outre, son creux très sensible vers 4 000 tr/min la pénalise en sortie de courbe sur le couple.



Le twin Honda est pétillant

Mais si la Honda se montre si pétillante à la conduite, notamment lorsque l'on roule sportivement, c'est indubitablement grâce au brio et à la polyvalence de son moteur. Et ça, c'est une vraie (et excellente) surprise ! Souple, il reprend à 2 000 tr/min environ sur tous les rapports. Suave, il ne présente aucun à-coup. Vif, vraiment beaucoup plus vif que le bloc Yamaha. De fait, la Honda Africa Twin arrive même à tenir la comparaison en reprises face à la Yamaha, qui ne prend finalement le large que sur l'allonge. Enfin, le bicylindre de l'Africa Twin est réactif et procure une réponse toujours musclée alors que la Yamaha peut souffrir de son creux à bas régimes par exemple.
Côté agrément, précisons que la sélection et le dosage de l'embrayage sont vraiment excellents sur la Honda, à se demander ce qu'il pourra bien rester à la version DCT (transmission automatique à double embrayage) ! De son côté, la transmission finale par arbre et cardan de la Yamaha ne peut soutenir la comparaison en terme de transparence à l'usage, mais au moins, elle apporte de la sérénité : exit les corvées de graissage et tension. C'est un choix.



Bien suspendus

Pour ce premier comparatif Africa Twin vs Yamaha Super Ténéré 2016, nous avons également pu emprunter quelques chemins de traverse, faute de pistes plus sélectives qui auraient mis à mal leurs pneus trop routiers de série. Ici, et comme nous avons déjà eu l'occasion de le tester, la Yamaha s'en sort avec les honneurs. Ses suspensions absorbent bien les chocs et s'ajustent du pouce via le commodo gauche, la conduite debout est naturelle, la stabilité bonne, la motricité tout autant... mais elle est toujours trop lourde.

En comparaison, la Honda Africa Twin donne immédiatement envie d'accélérer, de projeter des cailloux ! Ses suspensions à grand débattement marquent alors de gros points comme ses grandes roues étroites qui guident facilement l'équipage... L'Africa Twin pardonne beaucoup plus tout en donnant envie de jouer davantage... jusqu'à ce que nous la couchions gentiment sur le sol. Pas de miracle malgré tout, même si le feeling est bien celui d'un vrai trail : lorsque l'Africa Twin cherche ses appuis à l'accélération dans les graviers, elle dévoile une souplesse générale (suspensions, châssis) que ne présentent plus les trails modernes à cadre alu super rigides par exemple. Là encore, elle dévoile un caractère bien plus sportif et incitatif que la Yamaha.



Bilan : Etes-vous un baroudeur ou un grand rouleur ?

A l'heure du bilan de ce premier match 2016, vous devinez que nous avons craqué pour la nouvelle Honda Africa Twin. Son positionnement sportif sur route et surtout en tout terrain, s'affirment nettement ici face à la plus placideYamaha Super Ténéré, plus GT dans l'âme, et pour tout dire, assez peu originale dans la catégorie. A tel point qu'il n'y a sans doute pas matière à hésiter entre ces deux-là. Mais avant de se décider, l'essentiel est de définir son "cahier des charges" et son budget.
Vous roulez beaucoup sur autoroute, en duo, en vacances, même l'hiver ? La Yamaha XT 1200 ZE Super Ténéré vous tend les bras avec son équipement pléthorique, son moteur infatigable, sa transmission sans corvées... le tout pour 15 999 € (ou 13 999 € sans les suspensions électroniques ni le régulateur de vitesse ou les poignées chauffantes).

Vous préférez une conduite dynamique, voire arpenter quelques chemins ou pistes tout-terrain libres d'accès ? Alors prenez le guidon de la Honda Africa Twin, à partir de 12 999 € jusqu'à 14 299 € en version DCT réplica HRC + quelques options à déterminer en fonction de vos besoins (béquille centrale, par exemple).

Quoi qu'il en soit, le retour de l'Africa Twin, et surtout du leader mondial sur le gros trail dans le sens le plus noble du terme, est une vraie bonne nouvelle sur un créneau qui a perdu en grande partie ses racines pour ne plus proposer que de lourdes routières à grand guidon. La Honda amène ici de la diversité, une offre singulière portée par un réseau commercial "grand public" à un tarif raisonnable, et signe le grand retour d'une appellation légendaire au moment-même où le Dakar lâche ses centaines de motards sur les pistes sud américaines. Pour notre part, ici, en France, nous allons continuer à étalonner cette Africa Twin ces jours prochains... Restez connectés.

Par Christophe Le Mao, photos Mehdi Bermani





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